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Que vaut la sélection de Laurent Blanc ?

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Hier, Laurent Blanc a officialisée une liste de vingt-six joueurs. Plus que ses choix qui divisent, c’est sa communication qui laisse perplexe. En ligne de mire, la convocation de Gourcuff, inexistant depuis la Coupe du monde 2010. Le « président » explique cette décision par le passé du joueur « qui fait partie de l’histoire du groupe ». Un passe-droit dont n’a pourtant pas bénéficié Sakho, qui regardera l’Euro 2012 depuis son poste de télévision.

Un bilan présidentiable

Ces dernières semaines, campagne électorale oblige, le bilan de Nicolas Sarkozy a occulté celui de l’autre « président » et de ses joueurs. Pourtant, celui-ci demeure honorable, eu égard au contexte si cher à Laurent Blanc. L’ancien entraîneur des girondins de Bordeaux a ainsi su redonner un peu d’envergure à une équipe par deux fois ridiculisée en compétition internationale et à l’image médiatique déplorable. Avec dix-sept matches sans défaites et trois victoires prestigieuses face au Brésil, l’Angleterre (à Wembley) et en Allemagne, les bleus commencent à intriguer. Oh, évidemment, la Marseillaise ne fait plus aussi peur qu’il y a quelques années, mais suscite désormais une certaine crainte teintée de curiosité.

Cette série que la France n’a plus connu depuis un passé relativement lointain et absolument heureux, Laurent Blanc l’a réalisé avec des joueurs qu’il a choisit, parfois avec l’appui de l’opinion (Cabaye, Rami, M’Vila, Lloris), parfois en dépit des injonctions de sa hiérarchie (Chantal Jouanno, alors ministre du sport, ne voulait pas de Benzema en bleu), souvent au mépris de la volonté populaire (Evra, Ribéry, Diarra, Valbuena…). Concernant les deux derniers joueurs cités, dont la sélection fait couler pas mal d’encre -bien que celui-ci soit moins acide que lorsqu’il s’agit de railler Gourcuff- ce choix est-il vraiment si illogique ? Après tout, les deux n’ont jamais déçu avec les bleus et ont toujours « mouillé le maillot »…

Incohérence ou encore errance ?

Le problème est aussi et surtout terminologique. On parle de « sélection nationale », là où l’on ne devrait jamais cessé de parler « d’équipe nationale ». Car oui, l’équipe de France n’a pas vocation à être la somme des meilleurs joueurs du moment, mais un groupe dans lequel chaque joueur doit pouvoir s’intégrer, être performant pour que le collectif soit plus que performant. Et un collectif ne s’invente pas au « jour le joueur », mais sur le long terme. Que Blanc s’appuie sur un groupe de gars qui se connaissent et s’apprécient -pour certains- depuis deux ans ou plus est ainsi parfaitement logique. Il ne reste alors qu’une ou deux places à prendre pour un nouveau ou un revenant. A savoir Yanga M’Biwa et Yohann Gourcuff, voire Ben Arfa.

En admettant qu’un entraîneur se base sur les parfois très discutables notes de l’Equipe du dernier semestre -voire du dernier trimestre. L’équipe nationale serait alors en chantier permanent et ressemblerait à un gouvernement de la IVe République. Laurent Blanc, en s’appuyant sur cette idée-force, aurait donc sélectionné Mavuba au détriment d’Alou Diarra, un des plus anciens de la « blue team » et leader du vestiaire. Il aurait préféré Gouffran à Loïc Rémy, et donc la forme du moment au talent brut. Il se serait passé de Mexès, son vice-capitaine et taulier en défense. Il se serait également passé de Malouda, dont le profil de couteau-suisse est assez atypique en France est ô combien indispensable dans une compétition aussi courte et intense que l’Euro. Pire, il aurait proposé une liste d’au moins quarante joueurs. Or un entraîneur doit faire des choix. Et comme chacun le sait, choisir c’est renoncer.

La victoire est-elle en eux ?

Le problème de Laurent Blanc relève ainsi davantage de sa communication évasive que du fruit de son labeur. En somme, l’une des tares de l’ère Domenech n’a pas été réglée. Contrairement à son prédécesseur, ce déficit est surtout la résultante des qualités oratoires de l’entraîneur en place et non le fruit d’un quelconque mépris pour la presse. Mais l’art de la communication est-il véritablement en accord avec le métier de sélectionneur ? Y a t-il seulement un entraîneur national qui ne fasse pas l’objet de critique dans le monde ? En y regardant de plus près, la sélection de Blanc est parfaitement équilibrée et cohérente, entre joueurs de niveau international (Lloris, Benzema, Cabaye, Rami), vieux briscards revanchards (Evra, Diarra, Mexès) et jeunes en devenir (M’Vila, Yanga M’Biwa, Giroud). Les autres ? Leur présence relève du choix que le sélectionneur espère être le meilleur pour l’équipe.

Par exemple Bodmer n’a rien à envier à un Gourcuff sur sa saison. Mais lorsque Blanc récupère Gourcuff à Bordeaux, celui-ci sort de deux saisons décevantes à Milan. A Bordeaux, le « fils de » s’est imposé comme l’un des meilleurs milieu d’Europe, conduisant une équipe Bordelaise alors moyenne au titre de champion et en quart de finale de la Ligue des Champions. Un pari risqué, mais qui ne coûte rien. Notant que Gourcuff a marqué trois buts lors des éliminatoires. Alou Diarra était le capitaine de ce Bordeaux. Le bagage du bonhomme est impressionnant, avec une finale de coupe du monde jouée. Sa saison ? Moyenne, mais il a toujours été présent lors des grands matches. Ses références cette année ? Un match aller XXL face au PSG, un autre face à Dortmund et une performance olympique face à l’Inter. Des garanties donc, que ne présente pas Mavuba. Et Valbuena ? Il possède un avantage triple : il n’est pas du genre à imposer sa volonté au groupe, il a envie de prouver sa valeur et n’a jamais déçu en bleu.

Critiquer la liste de Blanc maintenant n’a donc aucun sens. Un sélectionneur dessine les contours de son équipe pour une grande compétition dés sa prise de fonction. S’il avait tranché en faveur de l’opinion commune, cela aurait signifié qu’il navigue à vue depuis deux ans. Certes, il aurait été applaudit avant la compétition, mais, et tout le monde en conviendra, une sélection s’applaudit après la dite compétition. Pour l’heure, la liste du « président » peut être discutée, apporter un  peu de vie aux débats de comptoir ou de forum, mais en aucun cas commentée de manière absolue. Il aurait fallu s’y prendre dés le début. Daniel Riolo par exemple, a toujours milité pour une équipe « Saint-Moret », débarrassée de ses boulets (Ribéry et Evra). Un choix que n’a pas fait Laurent Blanc. Seul un avenir proche nous dira qui du polémiste le plus populaire/détesté du journalisme sportif ou de l’homme aux  97 sélections aura eu raison…


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